Qu‘est-ce que l’Odonymie ?
L’odonymie, ce nom un peu étrange que l’on n’a pas forcément l’habitude de croiser à tous les coins de rues (!), désigne l’étude des odonymes, c’est-à-dire l’étude des noms de voies de communication créées par l’Homme.
Son nom est issu du terme grec hodos, qui signifie « la route » et nymie qui signifie « le nom ».
Plus récemment, l’odonymie s’est également intéressée aux noms donnés aux espaces publics. Sont ainsi passés à la loupe les noms de rues, d’avenues, de voies, de chemins, de boulevards et autres impasses, mais aussi les noms de squares, de places, de promenades et autres esplanades. Sans oublier les noms de complexes sportifs, établissements scolaires, piscines ou médiathèques.
L’étude des noms de rues au fil de l’histoire est tout à fait passionnante car elle reflète directement les évolutions de notre propre histoire et de notre société. Ainsi, au Moyen-Âge, les noms se devaient d’être simples et fonctionnels. Les habitants ne savaient pas forcément lire, et les plaques de rues n’existaient pas encore. Les noms de voies reflétaient donc directement l’usage que les habitants avaient de cet espace public (rue des tanneries, rue des bouchers, rue des poissonniers), faisaient référence à un point remarquable (rue de la fontaine, place de l’Eglise) ou à une direction (route d’Orléans, route de Paris).
Peu à peu, cette tendance a évolué et les noms de voies ont pris une tournure de plus en plus politique. Au moment de la révolution, des noms comme la « place de la Liberté » ou la « rue de l’Egalité » ont ainsi fleuris dans nos villes.
Plus tard, ces règles de nommage ont permis de glorifier les personnages emblématiques de notre histoire. Les militaires, les hommes de lettre et les scientifiques étaient ainsi honorés par une plaque à leur nom. On ne compte plus les avenues du Général de Gaulle, les places Gambetta et autres boulevards Jean Jaurès. Cela amène d’ailleurs parfois à une petite réécriture de l’histoire, certaines rues nommées après une personnalité controversée (rue du Maréchal Pétain) étant ainsi débaptisées au profit de personnages plus « respectables ».
Il est intéressant de noter que ces règles de nommages ne sont pas universelles, et que chaque pays a son système. Aux Etats-Unis par exemple, il est commun que les villes aient une rue principale (Main Street) et que les rues secondaires soient simplement numérotées (comme la célèbre 5ème avenue à New York).
De nos jours, il est plutôt courant de donner aux rues des noms de personnalités célèbres défuntes (un délai de 5 an est alors requis pour utiliser le nom de la personne) mais il arrive que certains lieux (notamment les installations sportives) soient nommés du vivant de la personne. Les références à la nature sont également très présentes (rue des Tilleuls, impasse des Aubépines, etc.), sans doute parce qu’elles sont faciles à utiliser et ne sont chargées d’aucun passé historique, religieux ou militaire.
Les municipalités, en charge des règles de nommage de nos rues, prêtent également aujourd’hui une attention accrue à la place des femmes dans l’espace public. On estime en effet que, selon les villes, seules 2 à 5% des voies portent le nom d’une femme. Un déséquilibre qui se résorbe doucement. Ainsi, à Paris en 2014, 61% des nouveaux noms de rues étaient féminins.
Si vous êtes féru de statistiques et d’odonymie, vous pouvez consulter, sur le site du Ministère de l’Economie, des Finances et de la Relance, le fichier FANTOIR, qui répertorie, pour chaque commune, le nom des voies et des lieux dits. On y apprend par exemple qu’en 2009, l’odonyme le plus répandu en France était la Rue de l’Eglise, et qu’en 2016, le nom de personnalité la plus donnée aux voies françaises était celui du général de Gaulle, suivi de Louis Pasteur, Victor Hugo, Jean Jaurès et Jean Moulin (Marie Curie n’arrivant qu’à la 17ème position).
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